La première caractéristique des agrumes est leur instabilité génétique.
Les agrumes c’est comme les chiens, il y en a de toutes sortes, le plus incroyable est qu’ils restent inter-féconds.
Comme les chiens, ils ont été essentiellement sélectionnés par les hommes et par le hasard.
Les sélections actuelles sont d’une grande précision dans la taille, la forme, la période de maturité, etc.
Correspondant à la demande actuelle.
Il en est de même pour le passé : les agrumes expriment ceux qui les ont choisis et sélectionnés.
L’antiquité méditerranéenne et proche orientale cultive le cédrat, arbre délicat, fruits beaux, au parfum équilibré et doux, et marginalement le citron pour les mêmes usages.
L’apogée arabe du moyen âge diffuse la bigarade, à cause des fleurs, de leur parfum et de la faculté de confire le fruit (ils ont perfectionné la distillation et inventé le sucre)
Les Portugais font connaitre depuis la Chine l’orange douce, alors que simultanément l’Asie tempérée opte pour la mandarine et l’Asie du sud pour le pamplemousse.
Grâce aux USA qui comprennent l’importance de la vitamine C pour la santé et la croissance des enfants, le jus d’orange devient la boisson du petit déjeuner.
Dis-moi quel est ton agrume, je te dirai qui tu es.
Qui va au Brésil ne peut qu’être fasciné par les oranges ultra douces, Piralima, Pera Rio, et par les vertes Mexerica do Rio, Lima Azul etc.
car ses oranges expriment complètement ce qu’est le Brésil.
On peut lire la même chose du Japon et de ses limes acides, des satsuma délicates et de la Malaisie ou de l’Inde…
ou de l’Italie qui de tout temps a sélectionné les raretés, les curiosités dans un souci de table, d'esthétique et décoratif.
C’est parce que les agrumes sont une incroyable matière première pour un curieux qu’il en existe autant de variétés (on dit 4000, mais c’est sans doute moins pour les grands types, et bien d’avantages pour toutes les formes locales encore existantes)
C’est pourquoi l’avenir des agrumes est aussi imprévisible et inattendu que celui des hommes.